De la supériorité des femmes

Flammarion, repris en J’ai lu.

2008.

220 pages.

ISBN :978-2081209220

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L’extrait


« Elle dort.

Maintenant, quand elle s’endort à mon côté, j’éprouve une confuse contrariété. Il me semble qu’elle m’échappe, qu’elle ne tombe pas dans le sommeil parce qu’elle a besoin de repos, mais par pur égoïsme. Elle dort contre moi, pour me montrer à quel point ma présence lui est indifférente. Pour son amant, elle était toujours en forme, gorgée de vitalité. Avec moi, la nuit, elle se laisse choir comme une masse. Je deviens jaloux, tellement possessif que même les rêves de Mathilde m’incommodent et me paraissent appartenir au registre de ses infidélités.

À côté d’elle, je veille. J’adore dans l’ombre une divinité silencieuse, qui se fiche de moi, qui se dérobe, qui ne m’envoie aucun signe en échange de mes supplications.

Je crois que je déteste l’amour, et la fin de l’autonomie qui l’accompagne. »

L’histoire


Le narrateur de ce livre vit dans l’urgence, au jour le jour, une rupture amoureuse. Tour à tour désemparé, blessé, furieux, vengeur, délirant, il est engagé dans une sorte de course contre la montre dont l’enjeu est la reconquête de sa femme indifférente et lointaine. Epreuves initiatiques et coups d’éclats se succèdent, dans une intrigue où les figures féminines mènent la danse et où le mâle est le jouet de ses illusions.

Revue de presse

Une démolition signée Anna Topalof, Marianne, 12 janvier 2008

« Plutôt que De la supériorité des femmes, le dernier roman d’Alexandre Lacroix aurait dû s’intituler De la supériorité d’Alexandre Lacroix sur le reste de l’humanité. Autofiction sur le thème de la rupture amoureuse, ce livre est un monument élevé à la gloire de son auteur : intelligent, subtil, cultivé, doué pour les Lettres et les plaisirs de la chair, il se demande bien pourquoi sa compagne l’a quitté pour un autre ! Le lecteur, lui, s’interroge sur l’utilité de publier un tel ouvrage, car, au fond, les coups de blues de ce demi-dieu n’ont pas grand intérêt. ‘‘Il m’arrive d’écrire pour écrire, ou bien pour faire du style, sans avoir rien à dire’’, affirme-t-il dès la première page du livre. Un éclair de lucidité dans un ciel lourd de complaisance. »

Jean-Rémi Barland,, La Voix du Luxembourg, 10 janvier 2008

« Y’a-t-il un pilote en cet avion ? Oui, et un bon. Si chacun des romans d’Alexandre Lacroix, jeune auteur de 29 ans, est radicalement différent du précédent, c’est qu’il trouve toujours un nouveau sujet original et passionnant à traiter. On se souvient de La Mire, paru l’année dernière, où des guérilleros urbains tentaient d’éradiquer la télévision de la surface de la terre. Dans Un point dans le ciel, Alexandre Lacroix construit un huis-clos dans un Boeing au-dessus de l’Atlantique. Il y place des personnages venus de divers horizons, tels que Martial, jeune professeur à la vie étriquée, Alice, qui a gagné sa place à un concours, et Max, bobo désabusé qui essaie d’être méchant. Tous sont différents, mais tous sont animés par une même volonté : s’amuser ! Et bien sûr, c’est pathétique. Car on ne s’amuse pas sur commande, même si on a payé très cher sa place. L’avion-discothèque, car il s’agit d’un concept de distraction dansant, polluant et onéreux, poursuit sa route, et ses occupants révèlent, selon les cas, le meilleur ou le pire d’eux-mêmes. Leur vie défile sous nos yeux. Oui, c’est un roman sociologique qui comporte d’ailleurs une amusante digression intitulée « Idéologie du curriculum vitae ». C’est la nouvelle preuve que la littérature doit compter avec Alexandre Lacroix. La prochaine fois que vous entendrez un avion passer au-dessus de votre tête, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser à lui. »

Jean-Claude Perrier, Livres-Hebdo, 25 juin 2004

« Depuis ses débuts, les romans d’Alexandre Lacroix évoluent vers la parabole, genre peu commun, qui lui permet, en moraliste, de dénoncer certains travers de notre société. Avec « Un point dans le ciel », il met en scène de façon dynamique et moderne une sorte de comédie humaine, si superficielle et dérisoire qu’elle ne peut s’achever que par le châtiment suprême : le crash.

Voici donc, embarqués dans un 747 à destination de San Francisco, affrété par une entreprise organisatrice « d’événementiel » pour la jet set, une centaine de passagers. Quelques people, pas mal d’anonymes qui ont acheté leur billet, quelques couples illégitimes, et aussi la gagnante d’un concours. L’idée c’est que, l’avion agencé en boite de nuit, le vol ne soit qu’une longue fête techno. S’amuser, danser, boire, s’envoyer en l’air en plein ciel, voici qui n’est pas banal. Mais surtout, des rencontres vont avoir lieu, entre des gens qui, d’ordinaire, n’auraient jamais dû se croiser. Et des liens se nouer, qu’un destin cruel rendra éphémères : ainsi d’Alice et de martial l’infirme, celui dont personne ne veut, qui tombent, eux, sincèrement amoureux. Ô ironie, Martial le paria (mais aussi l’intellectuel, professeur de philosophie) sera le seul à se sortir vivant du crash…
L’intrigue est originale, et Alexandre Lacroix mène son affaire avec beaucoup de virtuosité. Astucieux, il ne s’est pas lancé dans un récit linéaire, ni des allers et retours sur les mêmes personnages, qui eussent été fastidieux. Il a préféré, dans de courts chapitres, suivre leurs errances ou leurs retrouvailles, reconstituer leurs pensés, en temps réel. Roman-collage, on y trouve même les CV des principaux protagonistes, une tentative graphique de noter la techno qui passe en boucle dans la carlingue, ou encore la retranscription des fameuses boites noires, qui retracent les dernières minutes du vol. La morale de cette histoire, on la perçoit aisément : la fragilité de l’humaine destinée, la vanité de nos entreprises (surtout les plus futiles), la menace permanente de la mort au- dessus de nos têtes. Quant aux intentions éventuelles du romancier, chacun les décryptera selon sa propre nature: les jouisseurs s’étourdiront plus encore, les mystiques se retireront à la Trappe, les autres prendront un livre, en attendant le crash. »